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Un syndicat proche d'Activision décide de bloquer un rapport critiquant Microsoft pour ses contrats avec l'armée

Alf par Alf le 09/09/2022
Business

L'UNI Global Union, une fédération de syndicats dont la CWA (Communications Workers of America) est affiliée, a décidé de bloquer la publication d'un rapport critiquant les nombreux contrats entre Microsoft et l'armée.

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"Parce que Microsoft a tant fait en termes de respect des droits des travailleurs, nous ne pouvons pas être associés à la publication de ce document "
Un responsable syndical

Le CWA et l'UNI qu'est-ce-que c'est et quels sont leurs liens avec Microsoft ?

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Le CWA et l'UNI qu'est-ce-que c'est et quels sont leurs liens avec Microsoft ?


Ce sont nos confrères de The Intercept qui ont dévoilé cette affaire rocambolesque. Afin de bien comprendre les tenants et les aboutissants, nous devons éclaircir le rôle de chaque acteur. Tout d'abord penchons nous sur le CWA.

Le Communications Workers of America est le plus grand syndicat des communications et des médias aux États-Unis. Le 16 juin de cette année, Microsoft et le CWA signent un accord dit "de neutralité" qualifié d'historique. Grâce à cet accord, si le projet d'acquisition d'Activision Blizzard est approuvé, les employés pourront librement et équitablement faire un choix en matière de représentation syndicale et ça, c'est plutôt positif. Pour rappel, en mai, soit un mois avant la ratification de ce consensus, les employés du service QA de Raven Software (Activision), avaient voté pour rejoindre la Game Workers Alliance qui se trouve justement être un projet du CWA. Fait non négligeable, quelques jours après la signature de l'accord de neutralité, Christopher Shelton, le président du CWA, a envoyé une lettre à la fameuse Federal Trade Commission (FTC), afin de leur signifier leur approbation du rachat d'Activision Blizzard par Microsoft.

Maintenant que le lien entre Microsoft, la CWA et Activision est établi, allons voir du côté de l'UNI.

L'UNI Global Union est une fédération syndicale internationale basée en Suisse. Elle représente plus de 20 millions de membres et compte plus de 900 filiales dans le monde, dont un certain CWA...
Entrons désormais dans le vif du sujet.

Un rapport plutôt embarrassant

L'UNI Global Union avait initialement commandé une enquête auprès de Tech Inquiry. Ce rapport devait établir la liste des contrats gouvernementaux dans le monde afin pour de prouver que certaines entreprises technologiques telles que Microsoft, Amazon, IBM, Oracle et Google étaient devenus de véritables sous-traitants militaires majeurs. Seulement voilà, l'enquête implique fortement Microsoft qui est devenu entre temps un partenaire privilégié du CWA. Ce rapport dérange donc ce conglomérat de syndicats qui craint que la publication de ce document nuisent à leur nouveau partenariat.

Un responsable syndical déclare : "Parce que Microsoft a tant fait en termes de respect des droits des travailleurs, nous ne pouvons pas être associés à la publication de ce document "

Un autre membre témoigne :
"Nous ne pouvons pas laisser notre nom dans ce document et compromettre notre relation avec la CWA et Microsoft ou encore mettre en péril le droit des travailleurs d'Activision à se syndicaliser ou mon travail! C'est tout simplement trop. Je pourrais être licencié."

Le responsable du syndicat a présenté des excuses à Tech Inquiry pour avoir commandé l'enquête, pour finalement l'avoir censurée juste avant sa publication.
" Personne n'aurait pu prédire que Microsoft deviendrait un employeur pro-syndical "

En résumé les syndicats sous entendent que s'ils avaient décidé de publier ce rapport, Microsoft aurait pu changer de fusil d'épaule et décider de couper court à leur association. Mais qu'en est-il vraiment ?
Que comportait ce rapport de si compromettant pour la firme de Redmond ? Nous révèle t-il des choses que nous ignorions ? Et bien pas vraiment.


Cachez ces armes que je ne saurais voir

Dans le document en question, on y découvre les différents contrats militaires passés entre plusieurs armées (US, Canada, Uk et Israël) et Amazon, Google et Microsoft. Concernant Microsoft la somme des différents contrats dépassent les 22 Milliards de dollars. Mais toutes ses informations avaient déjà été dévoilées par Microsoft lui même.

La compagnie avait déjà été vivement critiquée pour sa collaboration avec différents organes de défense gouvernementale y compris en interne. En effet, en 2019 plus de 250 employés avait signé une lettre de protestation.

Mais le géant américain assume totalement sa position sur le sujet. Satya Nadella avait d'ailleurs pris la parole à l'époque en déclarant :

"Nous avons pris une décision de principe selon laquelle nous refusons d'empêcher des institutions que nous avons élues démocratiquement d'avoir accès à notre technologie pour protéger les libertés dont nous jouissons. Nous avons été très transparents sur cette décision et nous continuerons de l'être."

À ce sujet, les premières livraisons de hololens à l'armée américaine devraient débuter dès ce mois-çi.


Mais à qui profite vraiment cette censure ?

Si Microsoft assume totalement ses choix pour le moins critiquables, cela n'est sûrement pas le cas de ces organisations syndicales qui se passeraient bien de mettre en avant cet aspect tendancieux de leur nouveau partenaire. Et si finalement, plutôt que de craindre de froisser leur partenaire, l'UNI et le CWA craignaient avant tout de dévoiler eux même qu'ils ont comme associé une entreprise impliquée dans des contrats d'armement à hauteur de plusieurs dizaines de milliards de dollars? C'est probablement une des raisons qui a poussé ces organismes à bloquer ce rapport.

Galerie d'images

Un mal pour un mal.

Si pour l'instant rien n'indique l'implication directe ou indirecte de Microsoft dans cette affaire de censure, la décision de l'UNI de bloquer ce rapport pourrait tout de même porter préjudice à la firme de Redmond, du moins à son image.
En y réfléchissant, si l'UNI avait décidé de publier cette enquête qui ne nous apprend rien de vraiment nouveau, les effets auraient été sûrement moins néfastes et auraient sûrement évité d'entamer la réputation et la probité de la fédération. Si suite à cette publication, Microsoft avait décidé de réviser son partenariat, alors nul doute que le retour de bâton aurait été cinglant pour la compagnie. Qui plus est dans le contexte actuel dans lequel leur rachat d'Activision est scruté par les organismes de contrôle de la concurrence dans le monde entier.

Finalement en souhaitant protéger l'image de Microsoft mais surtout la sienne, cette énorme conglomérat syndical a fait plus de mal que de bien.

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